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Interview/ Vahid Halilhodzic: «Je ne dirai aucun mot sur l’équipe nationale du Maroc»!

Libre depuis son départ de l’équipe du Maroc avant la Coupe du monde 2022, Vahid Halilhodzic, 71 ans, ne digère toujours pas sa mise à l’écart du banc des Lions de l’Atlas.

Plusieurs observateurs pensent que le résultat du Maroc à la Coupe du monde 2022 (demi-finaliste) est le fruit de votre travail. Depuis, l’équipe n’arrive pas à confirmer. Le pensez-vous aussi ?

Je ne dirai aucun mot sur l’équipe nationale du Maroc !

Etes-vous prêt à vous lancer dans une nouvelle aventure car vous êtes en retrait depuis votre départ à la tête de la sélection marocaine ?

Je n’ai jamais eu autant de propositions d’équipes nationales de clubs de ma vie. Mon téléphone n’arrête pas de sonner. Je remercie toutes ces personnes qui ont pensé à moi. Des clubs en Europe, des équipes nationales en Afrique, en Asie. Je suis dans le football de haut niveau depuis plus de 40 ans. C’est vrai que ça me manque, mais j’ai des obligations familiales, je suis resté avec elle depuis mon départ du Maroc car, pour dire vrai, j’ai été marqué par cette éviction. Je ne m’y attendais pas du tout. Mais, rassurez-vous, j’ai vraiment eu beaucoup de propositions. C’est moi qui n’ai pas accepté de replonger pour le moment. C’est vrai que je reviendrai dans le football. Quand ? Je ne sais pas encore.

Pensez-vous que l’Espagne mérite son sacre de champion d’Europe des nations ?

Je crois que l’Espagne mérite son titre. Ils ont bien joué tout au long du tournoi. Des joueurs de classe mondiale se sont révélés dans ce tournoi. Je pense à Lamine Yamal et Nico Williams. C’est vraiment mérité pour eux.

On attendait beaucoup de pays comme l’Angleterre et la France qui ont déçu dans le jeu, pourquoi selon vous ?

Avoir dans un groupe de bons joueurs, cela ne signifie pas avoir une bonne équipe. Il faut qu’il y ait un collectif fort pour qu’on puisse parler d’équipe. L’Espagne a montré que le football doit être basé sur le collectif et non l’accumulation de noms. Il faut créer un groupe qui peut jouer ensemble. L’Italie et la Croatie sont les plus grandes déceptions. Quand il y a des joueurs qui ne pensent qu’à leur gueule, ça ne marche pas.

Kylian Mbappé a été l’une des plus grandes déceptions du tournoi, pourquoi, selon vous ?

Ecoutez, il faut comprendre ce qui se passe autour de ce garçon. Il a peu joué en fin de saison avec le PSG. Il y a aussi cette histoire autour de son transfert au Real Madrid. Il n’était pas dans un bon environnement avant le tournoi et ça s’est senti. Quand, psychologiquement, on est atteint, ça se voit. Il a eu également cette malchance de se blesser dans le tournoi. C’est une blessure embarrassante car elle t’empêche d’aller aux duels. C’est presque normal qu’il rate son Euro et surtout quand c’est à lui de tout faire en Bleu. C’est à lui de faire la passe, de marquer, alors qu’il n’est pas seul dans ce groupe. Les autres joueurs auraient pu prendre le relais quand Mbappé est moins bon.

Vous êtes ancien entraîneur du PSG, vous avez terminé 2e au classement de Ligue 1 lors de la saison 2003-2004. Depuis, Paris court toujours derrière son premier sacre en Ligue des champions, pourquoi ça ne marche pas ?

A mon époque, on avait un budget dix fois inférieur au budget actuel du club, mais nous avons pu quand même finir deuxième. Le problème du PSG d’aujourd’hui, c’est sa politique sportive qui n’est pas bonne. Le fait de vouloir accumuler des noms, (Mbappé, Neymar, Messi) ça ne marche dans aucune équipe. Il faut mettre sur pied un projet cohérent, oublier les individualités et construire une équipe équilibrée et compétitive.

Chaque année, les chiffres montrent que c’est l’équipe qui court le moins en Ligue des champions. Si les joueurs ne font pas les efforts, c’est impossible de gagner. On a vu lors de l’Euro, les joueurs courent en moyenne 12 km. Quand dans une équipe, tout le monde pense à son image d’abord, à sa gueule, et ne pense pas au collectif, ça va être difficile pour que le PSG gagne la Ligue des champions. L’égoïsme ne paye pas dans le football. C’est dommage de mettre autant d’argent dans le recrutement et les salaires des joueurs pour peu de résultats. Le football est un sport collectif, si les joueurs ne pensent pas collectif, c’est impossible. Avec les trois que j’ai cités, Paris avait le meilleur effectif d’Europe mais pas la meilleure équipe du continent.

Si vous étiez à la tête de la direction sportive, qu’auriez-vous fait ?

Bah, je vais essayer de tout miser sur le collectif. Je vous ai dit que c’est l’équipe qui court le moins en Ligue des champions. Ce n’est pas possible à ce niveau de la compétition. Une équipe de football, c’est des courses avec le ballon mais aussi sans le ballon. Il faut trouver des joueurs qui ont un volume de déplacement énorme. Le football d’aujourd’hui demande beaucoup de courses, il faut que les footballeurs du PSG acceptent de courir. Une équipe normale court en moyenne 120 km par match. Quand on ne fait pas les efforts, on ne pourra pas gagner. C’est comme ça ! Je n’invente rien.

Le départ de Mbappé est-ce donc une bonne chose pour le PSG ? On a toujours reproché au joueur de ne pas faire les efforts…

Je crois que c’est une bonne chose pour Mbappé. Il a passé 7 bonnes années au PSG. Il a marqué beaucoup de buts pour le club. Il est le meilleur buteur de l’histoire du PSG. Malheureusement, il n’a pas pu permettre au club de gagner la Ligue des champions. C’est la tâche noire de son passage au PSG. Aujourd’hui, il va dans le plus grand club du monde, le Real Madrid. Il démarre un nouveau cycle, je lui souhaite de réussir au Real.

ND avec Afrik-Foot

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