Libre opinion : Force à Yves Bissouma !
La semaine écoulée a été marquée, dans le milieu du football africain, par ce qu’on pourrait appeler une vendetta contre l'international Yves Bissouma. Une sorte de “djihad” ou d'intifada (c'est selon), lancée par une frange des habitants d’un pays frontalier, pour des raisons où le ridicule le dispute à la haine. Autant dire, des raisons totalement loufoques.
Que reproche-t-on au footballeur au juste ? Selon ce que l'on a cru comprendre de cette affaire, en gros, il lui est reproché d'être en partie responsable de la grosse désillusion des Aigles du Mali lors de la dernière CAN 2023 en Côte d'Ivoire. Les arguments avancés sont d'autant plus saugrenus, qu’on a beau faire le tour, retourner la question dans tous les sens, on en revient au même point de départ : on ne voit toujours pas où se situe le problème. Sinon, à chercher peut-être du côté des supporters d'en face ? Auraient-ils du mal à digérer l'élimination douloureuse en quarts de finale de la CAN 2023, face à des Éléphants de Côte d'Ivoire diminués sur le terrain et menés au score ce soir-là ?
L'occasion était d'autant plus belle que même dans leurs rêves les plus fous, certains n'avaient pas imaginé un tel scénario, celui de s'offrir le scalp de l'Éléphant sur ses propres terres, à sa propre CAN ! Quelle gloire c'eût été ! Hélas. Les Aigles et leurs fauconniers ont compris, à leurs dépens, qu'il ne faut jamais vendre la peau de… ces Éléphants-là trop tôt. Et le football a ses réalités qui ne sont pas forcément celles d'une poignée de supporters amers, mais plutôt celle du mental et du rapport de force sur le terrain.
Est-ce la faute à Yves Bissouma, si la logique dans l'historique des confrontations Côte d'Ivoire-Mali a été une énième fois respectée ? Après avoir, un temps, évoqué l'argument éhonté des faits d’arbitrage, le bouc émissaire a été tout trouvé, comme c'est toujours le propre des mauvais perdants.
Si le joueur de Tottenham Hotspur était à lui seul perçu par les voisins comme leur messie, eh bien, il suffisait de le dire plus tôt. Et, pourquoi pas, le laisser jouer seul sur le terrain. Après la défaite, personne n'aurait eu à redire. Mais si, face à dix joueurs, toute une équipe revancharde au grand complet avec ses onze hommes et remplaçants finissent par mordre la poussière, n'est-il pas plus honnête d'assumer ensemble cette responsabilité ? Tirer les leçons, s'organiser pour affronter les échéances futures et sortir des débats inutiles.
Après tout, personne n'est dupe. Yves Bissouma est d'origine ivoirienne. Né à Issia précisément. Coïncidence ? Pas tellement, surtout quand on connaît l'animosité de certains envers un pays aussi hospitalier que la Côte d'Ivoire. “Biss” a bien fait de prendre ses distances. Aux dernières nouvelles, il aurait supprimé toutes ses photos des plateformes digitales de la Fédération malienne de football. Une façon de dire que désormais, ce sera sans lui. Et il a peut-être raison. Qui d'autre n'aurait pas fait pareil ? C'est vrai que le cocktail de l'obscurantisme, du fanatisme et de la haine distillé à forte dose au sein d’une population peut vite monter à la tête et causer bien des dégâts. Malheureusement. Force à toi, Biss !
François Yéo
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