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CAF: Le Chan va-t-il disparaître avec son créateur Issa Hayatou ?

Le Championnat d’Afrique des nations (Chan) est-il encore d’actualité ? A la Confédération africaine de football, la question se pose fréquemment au point de mettre la compétition en stand-by. Alors qu’il aurait dû se dérouler en 2024, toujours aucune nouvelle de ce tournoi dédié aux footballeurs qui évoluent sur le continent. A l’heure où son créateur Issa Hayatou vient de disparaître, on craint qu’il emporte son ‘’bébé’’ avec lui. Pourtant, l’importance de cette compétition sur le continent est plus que jamais indéniable. Selon plusieurs sources, la compétition, la seule originale du calendrier africain, est en effet discutée en tout à la CAF.

Sa spécificité dérange visiblement. En ce sens que l’Afrique est la seule à organiser une telle compétition, limitée aux joueurs évoluant dans leurs pays. Pourtant, la création du Chan résulte de l’observation que la CAN rassemble aux deux tiers des joueurs évoluant hors du continent. Et qu’il s’agit aussi de valoriser les championnats locaux et offrir aux joueurs locaux une fenêtre internationale inespérée. En ce sens, le dernier Chan en Algérie en février 2023 avait plutôt valorisé le concept. Avec une finale Algérie-Sénégal très attractive. La démonstration était encore une fois faite :

le Chan tient une place essentielle dans le paysage du football africain. Alors pourquoi aucune nouvelle du Chan 2024 ? Pourquoi juste une communication de la fédération ougandaise datant de mars laissant penser que la CAF attribuerait le prochain Chan aux trois pays (Kenya, Ouganda, Tanzanie) ayant battu le Sénégal pour l’organisation de la CAN 2027 ? Et surtout pourquoi rien depuis, alors même que l’on sait que des visites de préparation ont été organisées dans les trois pays ? L’attitude la CAF actuelle vis-à-vis du Chan tranche carrément avec les temps anciens. Pour valoriser cette nouvelle compétition (née en 2009), la CAF était d’ailleurs allée loin, accordant des points au classement Fifa à des équipes évoluant pourtant sans les meilleurs joueurs du pays.

Du coup, il faut ici mettre en avant les atouts du Chan. Un tournoi qui a trouvé un public qui prend très au sérieux son équipe nationale A’ qu’il encourage comme si c’était les A. Ce, d’autant plus que le Chan permet de qualifier des pays différents de la CAN. D’abord grâce à une qualification plus régionale permettant de mieux représenter géographiquement le continent. De plus, ce concept permet une valorisation du travail en local, ce qui laisse leur chance à des pays plus modestes et moins peuplés. Le meilleur exemple est probablement la Mauritanie. Profitant d’un bon travail fédéral au niveau local, les Mourabitounes ont commencé par se qualifier au Chan. Avant que cela ne leur donne de l’élan et des pistes de progrès pour monter jusqu’à la CAN.

La vraie question, c’est celle des gains qu’offre le Chan. Si l’équilibre du tournoi n’est pas désastreux, il n’offre pas de bénéfices malgré une organisation plutôt lourde. De plus, il est si spécifique qu’il est difficile à «vendre» à l’étranger. Même les recruteurs le boudent, considérant que des joueurs de 25 ou 30 ans n’ont aucune chance de les intéresser. Déjà, la CAN U23, pourtant qualificative pour les JO., ne trouve pas grâce à leurs yeux centrés sur les joueurs de la CAN U17, voire U20 à l’extrême limite. Pour toutes ces raisons, la CAF s’interroge régulièrement sur cette compétition singulière que ni l’Asie, ni les Amériques n’ont adoptée. Et encore moins l’Europe où elle ressemblerait beaucoup trop à l’Euro… Déjà en mal de trouver des dates judicieuses pour toutes ses épreuves, la CAF ne ferait rien pour maintenir le Chan dans son calendrier.

Noah Djédjé

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