Africa Sports d’Abidjan : La tempête gronde à l’horizon

Le ciel s’assombrit de nouveau au-dessus de l’Africa Sports d’Abidjan. Alors que les espoirs de renaissance après quatre années en Ligue 2 se faisaient timides, une nouvelle crise menace de secouer le mythique club vert et rouge. Deux initiatives récentes cristallisent les tensions internes : la conférence de presse annoncée par le Comité National des Supporters (CNS) ce jeudi 19 juin, et la convocation d’une assemblée générale par le président Narcisse Kuyo, prévue pour le 29 juin prochain.

Après un long silence observé tout au long du mandat du président Kuyo, les supporters, menés par Émile Nemegnan, ont décidé de faire entendre leur voix. Leur réveil brutal traduit une frustration grandissante, alimentée par l’échec de l’objectif principal de ce mandat : ramener l’Africa en Ligue 1. Depuis son élection en 2021, Narcisse Kuyo n’a pas réussi à inverser la spirale négative. Les résultats sportifs n’ont jamais été à la hauteur des attentes d’un club qui reste, malgré tout, une référence historique du football ivoirien.

Mais au-delà du bilan sportif jugé décevant, ce sont surtout les manœuvres politiques en coulisses qui font grincer des dents. De nombreux supporters et observateurs soupçonnent le président Kuyo de vouloir prolonger son mandat par des procédés opaques. La mise en place d’une commission électorale potentiellement partisane, selon les détracteurs, soulève la crainte d’un passage en force visant à neutraliser des candidatures concurrentes. Des noms comme Babou Éric, Jean-Michel Deigna ou encore l’ancien président Koné Cheick Oumar reviennent avec insistance comme possibles challengers.

Face à ce climat de méfiance et d’accusations à peine voilées, un appel urgent au dialogue est lancé. Il est impératif, pour préserver l’unité du club, que le président Kuyo ouvre la porte à des discussions inclusives avec tous les acteurs : supporters, anciens dirigeants, candidats déclarés ou pressentis. Cette concertation doit permettre de poser les bases d’élections crédibles, transparentes et acceptées de tous.

L’échéance de ces élections ne saurait être repoussée indéfiniment. Pour éviter que la crise ne déborde dans un contexte politique national déjà sensible, avec l’élection présidentielle d’octobre 2025 en ligne de mire, il est crucial que l’Africa Sport règle sa situation interne avant le début de la prochaine saison.

Après quatre années à la tête du club, Narcisse Kuyo doit comprendre qu’il n’est plus temps de s’accrocher mais d’ouvrir une nouvelle phase de transition. S’il veut préserver son héritage, il lui revient de favoriser une sortie de crise honorable, dans un esprit de famille.

Aux partisans d’une opposition plus radicale, un message s’impose aussi : la violence ne servira pas le club. L’Africa Sports mérite mieux que des querelles intestines. Il mérite la paix, la cohésion et une gouvernance responsable.

L’heure est grave, mais l’espoir est encore permis. Ensemble, tournons la page de la division pour écrire celle du renouveau.

Noah Djédjé